Au crépuscule d’un matin parisien, là où la Seine murmure contre la ville endormie, la mort a entonné sa mélodie insaisissable et privé le monde d’un maître du rythme : Félix Sabal Lecco, dont les battements de cœur se sont synchronisés avec le métronome de la vie.
Né à l’ombre de la Kadey de l’Est Camerounais, là où le soleil partage son premier baiser avec la terre, Félix était le fils d’un homme qui a servi sa nation en tant que préfet, ministre et ambassadeur. Mais ce n’est pas l’écho politique des pas de son père que Félix a choisi de suivre, il a choisi un chemin parsemé de portées et de rythmes, un chemin qui allait changer le monde. Félix est aussi le frère d’Armand Sabal Lecco, l’homme qui fait chanter les cordes basses comme un vieux griot.
Son surnom “Féfé” était une note affectueuse dans la symphonie de sa vie, un refrain doucement chanté par ceux qui l’ont connu et aimé. Avec ses baguettes dans les mains, qui étaient plus des épées de création que des instruments, il a peint des ciels pleins de timbres, fait du temps son compagnon de table et du silence sa muse…
Les plus grands du monde ont recherché sa compagnie dans leur quête musicale : Sting a senti le souffle de son rythme, Peter Gabriel a dansé à la cadence de ses battements, les mots de Paul Simon ont trouvé leur chemin sur les routes pavées par Félix. Félix a joué sur l’album de Simon “Rhythem of the Saints”, qui fait suite à “Graceland”. Il a partagé la scène avec Manu Dibango, il a joué avec Prince lors de sa légendaire performance au SuperBowl en 2007, jouant la version la plus légendaire de ‘Purple Rain’ sous la pluie, il a prêté son rythme au mbalax de Youssou Ndour, a fusionné avec Lenny Kravitz, a été le battement de cœur de France Gall, et a fait danser les touches d’Herbie Hancock sur les vagues de ses peaux de tambour.
Félix, notre magicien franco-camerounais de la batterie, a franchi les frontières des cultures en jouant les feuilles de son instrument : avec une douce détermination et une passion qui brûlait comme un phare dans la nuit. Son héritage n’est pas gravé dans la pierre, mais ciselé dans les annales des chefs-d’œuvre musicaux, et il continuera à vibrer dans le cœur de ceux qui viendront.
À sa mort, le monde de la musique pleure non seulement un batteur, mais aussi un maître de l’esprit humain. Ses compagnons d’art, ceux qui ont eu l’honneur de croiser son chemin, et nous, les témoins silencieux de sa magie, ressentons un vide qui résonne avec la cadence endormie d’une batterie à laquelle il manque son maître.
Nous, les amoureux du son et du mot, présentons nos condoléances à sa famille, aux amis qui marchent désormais dans l’ombre de son immense héritage. Félix Sabal Lecco, ces mots ne suffisent pas à rendre compte de son influence.
Dans le silence d’un matin parisien, où la Seine murmure désormais un peu moins fort, les rythmes de Félix Sabal Lecco résonnent encore et toujours dans la mélodie de nos existences.