Avec la sortie de “Mbalax”, le nouvel album de la superstar sénégalaise Youssou N’Dour, un autre grand titre s’ajoute à une série de sorties en 2021, qui fera de cette année une année particulièrement bonne pour les musiques du monde. Il y avait déjà de très belles sorties de son compatriote Omar Pene, de Vadou Game et du Balimaya Project basé au Royaume-Uni. Youssou N’Dour revient sur la scène internationale avec son nouvel album “Mbalax”.
“Mbalax” comme le titre suggère immédiatement que N’Dour revient à ses racines sur cet album, le mbalax sénégalais à l’état pur. Le mbalax est la musique de danse la plus populaire au Sénégal, ayant ses racines anciennes dans les cérémonies sacrées du ndut des Serere de la région de Thiès et les traditions conservatrices njuup des Serere de la région du Sine-Saloum. Cela dit, il faut dire que dans la scène musicale sénégalaise contemporaine, le mbalax est toujours, avec le Galsen hop, le hip hop sénégalais, le style de musique le plus prédominant que l’on entend vraiment partout et toujours. En tant qu’ambassadeur du mbalax, Youssou N’Dour est en grande partie responsable de cette immense popularité du genre.
L’album contient 12 titres et compte près de 55 minutes. La production était entre les mains de Bouba N’Dour, en effet le frère de Youssou. Bouba est un producteur célèbre dans le domaine du mbalax, ayant déjà collaboré avec des stars sénégalaises telles que Titi, Aida Samb, Viviane Chidid, Ami Collé Dieng et Pape Diouf. Les frères travaillent bien ensemble. L’album sonne comme les chants d’une ange, et laisse suffisamment de place en termes d’image sonore aux polyrythmies souvent très compliquées qui caractérisent le mbalax. Pourtant, cela reste une énorme perte que Habib Faye ne soit plus avec nous. Faye, l’arrangeur musical, compositeur, bassiste et producteur de N’dour est décédé beaucoup trop tôt en 2018, ce qui en fait le deuxième album dans lequel les influences jazz indéniables dans les arrangements manquent encore cruellement.
Les 12 morceaux évoquent différents thèmes allant des problèmes environnementaux, tels que “Ndox” qui signifie “l’eau” qui concerne les problèmes environnementaux . Sur “Gaggantiko”, N’Dour chante les problèmes et les défis de la vie conjugale. L’une chanson est encore plus forte que l’autre. Son groupe joue, comme toujours très serré, et avec une aisance ludique les structures musicales et les breaks rythmiques les plus complexes pour lesquels le mbalax est si connu. Le groupe se renouvelle sans cesse avec du sang neuf de musiciens ayant fait la dure école de jouer dans la boîte de nuit le Thiossane. Fidèle de longue date, Mbaye Diey Faye aux percussions et Assane Thiam à la tama sont fidèles à N’Dour depuis des décennies et jouent à nouveau les étoiles du ciel sur cet album.
Un moment poignant de l’album est lorsque N’Dour rend hommage au chanteur sénégalais Thione Seck, décédé plus tôt cette année le 14 mars, avec “Ballago Ndumbe Yaatma”. Un beau chœur et une guitare déchirante feront que même ceux d’entre nous qui ne parlent pas couramment le wolof en tant que langue sentiront que N’dour n’a que du respect pour l’héritage de Thione Seck. Un beau moment.
Avec “Mbalax” Youssou N’Dour fait un retour en force sur la scène internationale. Il reste à voir si le mbalax infectieux attirera également le public international. N’dour ne fait aucune concession sur cet album. Avec “Mbalax”, N’Dour revendique le premier rôle de la musique sénégalaise sur la scène mondiale. (8/10) (Universal Music Afrique)